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L'Angleterre rit, la France pleure

L'heure est grave. Pour la troisième année consécutive, trois équipes anglaises sont au rendez-vous des demi-finales de la Ligue des Champions. Pendant ce temps, Lyon est giflé par le Barça en huitième de finale de LDC, tandis que le PSG et l'OM se font piteusement éliminer par les deux meilleures équipes du championnat ukrainien. Arsenal, Manchester et Chelsea tenteront, eux, de préserver la domination de la Perfide Albion sur le vieux continent. Que le commun des amoureux du foot ne s'y trompe pas, l'hégémonie des clubs anglais est conjoncturelle et s'explique par une logique implacable. Tout comme la défaillance chronique des clubs français.

Conjoncturelle, car les équipes de Premier League bénéficient d'innombrables avantages. Ils sont d'abord économiques. Les droits télés pour les formations d'outre-manche dépassent largement le milliard d'euros quand la somme alloué par Canal+ et Orange aux clubs de Ligue1 atteint "à peine" 650M€. De plus les clubs du "big four"(les trois précités plus Liverpool) peuvent compter sur leurs mécènes magnanimes qui dépensent sans compter.

En effet, Chelsea peut disposer du portefeuille illimité de son oligarque russe Roman Abramovitch, qui possède tout de même la onzième fortune du monde. Liverpool et Manchester sont gérés par des fonds de pension américains: Tom Hicks et George Gillet Jr pour les Reds et Malcolm Glazer pour les mancuniens. Désireux de s'implanter en Europe par le biais du football anglais, ces multinationales profitent de la notoriété du big four pour doper le merchandising. Et pour y arriver, ils injectent des sommes faramineuses sur lesquelles nul en Europe ne peut s'aligner et recrutent les meilleurs joueurs en alléchant avec des salaires mirobolants.

L'héritage néfaste de la Coupe du monde 98

Logiquement et implacablement, l'Angleterre attire les meilleurs joueurs de la planète grâce à ses attributs financiers mais aussi sportifs. Les stades sont tous sécurisés, remplis, les pelouses sont magnifiques et le jeu pratiqué est offensif et spectaculaire à défaut d'être rigoureux (pour preuve le Liverpool-Arsenal de lundi 4-4). Voilà pourquoi de grands joueurs comme Tevez, Fernando Torres, Drogba, Ronaldo, Archavine, Santa Cruz, Essien ou Fabregas préfèrent évoluer en Premier League plutôt qu'en Liga, Série A et bien évidemment en Ligue1.

Logiquement et implacablement, la France n'attire pas (plus) et pour cause. Idéologiquement, la victoire en Coupe du monde en 98 a fait plus de mal qu'autre chose. Pour rappel, Aimé Jacquet et l'équipe de France se sont assis sur le toit du monde en évoluant avec quatre défenseurs, trois milieux défensifs, Zidane et Djorkaeff à la manœuvre et une pointe esseulée (Guivarc'h le plus souvent). Plus d'une décennie après, la plupart des entraîneurs Français pensent à gagner les duels, rester bien en place et défendre en bloc. En clair, comme les Bleus. Tout un programme...

Certes, l'arrêt Bosman et la libre circulation des travailleurs n'a pas été favorable au football Français dont les charges patronales empêchent les clubs plus huppés (Lyon, Marseille) de s'aligner sur les salaires proposés par les voisins européens. Simplement, on rappellera qu'Arsenal n'a déboursé que 16M€ pour Archavine et Diego Milito a été considéré par l'état-major Lyonnais comme étant inférieur à Piquionne, Fred et Benzema. Toutefois, la domination anglaise sera un jour mis à mal si Michel Platini instaure le fameux "6+5", car seulement huit joueurs anglais sont régulièrement inscrits dans les onze de départ. Et comme par hasard, les quatre entraîneurs de ces équipes sont: espagnols, français, écossais et néerlandais. Enfin, le sélectionneur national anglais est... italien! La France quant à elle, reste bien en place avec le bon Raymond et n'a que ses yeux pour pleurer au vu des parcours décevants de ses représentants (Lyon, OM et PSG).

Christophe Caster