Gary Lineker peut jeter définitivement son adage aux oubliettes car aujourd’hui, le football n’est plus un sport qui se joue à onze qui voit l’Allemagne finir par triompher ! Pourquoi ? Parce que la « Mannschaft » a été submergée par une fabuleuse sélection espagnole au terme d’une finale haletante et épique. Parce que la « roja » a proposé un jeu séduisant, ambitieux et efficace tout au long de la compétition. Parce que la formation ibérique possède en son sein le meilleur gardien du monde (Iker Casillas), le meilleur milieu relayeur du monde (l’incroyable Marco Senna, abattage impressionnant et technique d’orfèvre) sans oublier le meilleur avant-centre du monde (Fernando Torres, vitesse foudroyante, technique ondoyante et puissance redoutable). Comment pouvait-il en être autrement quand on a la chance de posséder un latéral comme Sergio Ramos, véritable « taureau ailé » du flanc droit ibérique, aussi infranchissable en défense que tonitruant en attaque. Et que dire de la vista de Xavi, de la finesse d’Iniesta, du touché de David Silva, du sens du but de Villa ou encore de l’invraisemblable vision de jeu de Cesc Fabregas voire l’intelligence tactique de Xavi Alonso, si précieuse dans la gestion des fins de matches. Le tout mis en scène par un compositeur voué aux gémonies avant l’ouverture de l’Euro, l’entraîneur Luis Aragonès coupable de crime de lèse majesté en ne sélectionnant pas Raùl l’enfant chéri du pays. Coupable d’avoir sabordé une génération dorée au cours du dernier mondial allemand où elle fut « giflée » par l’équipe de France en 8ème de finales (3-1), alors que toute la presse espagnole et Aragones en tête imaginaient envoyer Zidane à la retraite. Mais « el abuelo » a tiré les conséquences de l’échec du championnat du monde. Il a persisté dans son appétence de football d’attaque basé sur la conservation du ballon, agrémenté d’un jeu passe rapide dit le « tiqui-taka », a résisté contre vents et marées aux critiques incessantes de la presse et a fait face aux mauvais résultats de la « roja » arguant que les lendemains seraient forcément meilleurs. Et pour le plus grand bonheur des amoureux du beau jeu, une équipe pratiquant un football attractif, technique, offensif et audacieux se voit logiquement récompensé. Ce qui frappe principalement lorsqu’on observe les espagnols, c’est qu’ils ne sont pas forcément les plus grands, les plus rapides ou les plus physiques mais en revanche les plus intuitifs, les plus réfléchis et les plus malins, à l’image du trio Xavi-Senna-Iniesta dépassant à peine le mètre soixante-dix. Un autre paramètre, édifiant et tellement rare, dans ce football si aseptisé nous interpelle : c’est le plaisir que les joueurs ibériques ont pris à évoluer ensemble, à produire les efforts les uns pour les autres et surtout, à faire le spectacle. Sans pour autant se départir de l’efficacité nécessaire pour remporter le trophée le plus convoité d’Europe avec la ligue des Champions. Un trophée amplement mérité qui doit satisfaire à n’en pas douter, les footballeurs du monde entier.
Rédigé par CHRISTOPHE le 03/07/2008